Verbum E-ISSN 2538-8746
2021, vol. 12, DOI: https://dx.doi.org/10.15388/Verb.26

Les termes du commerce dans les dictionnaires bilingues et plurilingues

Marie-Denise Sclafani
Università degli Studi di Palermo
Département des Sciences Humaines, Faculté des Lettres,
Viale delle Scienze Ed. 12, 90100 Palerme, Italie.
mariedenise.sclafani@unipa.it
Orcid ID https://orcid.org/0000-0002-0000-5966

Intérêts de recherche : Lexicologie, lexicographie et métalexicographie ; Histoire de l'enseignement de la langue française ; Didactique de la langue française.

Résumé : Dans cet article, nous analysons un corpus composé de deux dictionnaires bilingues français-italien et italien-français générauxet deux dictionnaires plurilingues. Nous prenons en compte, en particulier, la macrostructure, la microstructure, la terminologie technique et la phraséologie de ces dictionnaires. Nous nous concentrons donc sur le traitement de la langue de spécialité du commerce au sein des articles des dictionnaires bilingues généraux. En ce qui concerne les dictionnaires plurilingues, nous cherchons à montrer les choix lexicographiques dictés par une exigence de synthèse extrême ; la dimension d’un dictionnaire, surtout scolaire, influe non seulement sur la praticité de la consultation mais aussi sur le prix. L’exigence d’un dictionnaire de spécialité est bien présente dans les écoles, les enseignants de français le réclament à chaque congrès international pour l’enseignement technique, industriel et commercial, mais économiquement et conceptuellement ces publications sont retardées le plus possible. Les dictionnaires analysés comblent en partie cette absence jusqu’à l’arrivée des premiers dictionnaires bilingues de commerce.

Mots-clés : Dictionnaire bilingue français-italien, dictionnaire de commerce, dictionnaire plurilingue, langue de spécialité, termes du commerce.

Terms of Trade in Bilingual and Multilingual Dictionaries

Marie-Denise Sclafani
The University of Palermo
mariedenise.sclafani@unipa.it

Abstract : In this article, we analyze a corpus made up of two general French-Italian and Italian-French bilingual dictionaries and two multilingual dictionaries. We take into account, in particular, the macrostructure, the microstructure, the technical terminology and the phraseology of these dictionaries. Using a magnifying glass metaphorically, we focus on the treatment of the specialty language of commerce within the articles of the general bilingual dictionaries. With regard to plurilingual dictionaries, we try to show the lexicographical choices dictated by a requirement of extreme synthesis; the size of a dictionary, especially for schools, influences not only the convenience of consultation but also the price. The prodromes of the first business specialty language dictionaries represent an interesting corpus for understanding the first steps taken by lexicographers who decided to include specialty terminology in general bilingual dictionaries or to write multilingual business dictionaries.

Keywords : French-Italian bilingual dictionary, business dictionary, multilingual dictionary, specialty language, trade terms.

Copyright © 2021 Marie-Denise Sclafani. Published by Vilnius University Press. This is an Open Access article distributed under the terms of the Creative Commons Attribution Licence, which permits unrestricted use, distribution, and reproduction in any medium, provided the original author and source are credited.
Pateikta / Submitted on 22.11.21

Introduction

Les prodromes des premiers dictionnaires de langue de spécialité de commerce représentent un corpus intéressant pour comprendre les premiers pas entrepris par les lexicographes qui ont décidé d’inclure la terminologie de spécialité dans les dictionnaires bilingues généraux ou de rédiger des dictionnaires de commerce plurilingues.

La naissance des écoles techniques, en Italie, crée l’exigence d’un savoir de plus en plus spécialisé et pratique (Bochicchio 1993, p. 18) ; l’enseignement de la langue française ne se soustrait pas à cet objectif didactique. A la fin du XIXe siècle et surtout au tout début du XXe siècle, après que l’étude du français devient obligatoire en 1892, un nombre considérable de manuels est rédigé pour l’apprentissage de la langue du commerce : manuels de correspondance et de conversation commerciale, cours de français commercial et industriel, manuels de phraséologie commerciale, manuels sur la vie commerciale et industrielle de la France[1], et autres.

La plupart de ces manuels sont pourvus de glossaires de termes de commerce ou de tous petits dictionnaires, mais ils s’avèrent, souvent, comme insuffisants pour les élèves qui ont comme tâches principales la traduction d’articles sur le commerce et l’économie et la rédaction de lettres commerciales. Il faudra attendre 1899 pour que le premier dictionnaire bilingue français-italien de commerce soit rédigé en Italie : « [a]vant cette date, les technolectes, les vocables scientifiques et, même, la terminologie commerciale étaient insérés dans les dictionnaires généraux bilingues » (Sclafani 2020, p. 438) ; il était possible aussi d’utiliser les dictionnaires plurilingues à l’usage des marchands, des voyageurs et même des élèves des écoles techniques.

Dans cet article, nous analysons un corpus composé de deux dictionnaires bilingues français-italien et italien-français généraux, le premier de Giovanni Battista Melzi, le Nuovo dizionario francese-italiano e italiano-francese, commerciale, scientifico, tecnico, militare, marinaresco(1886-1887), le deuxième de Cesare Bergoglio[2], le Nuovo vocabolario francese-italiano e italiano-francese : letterario-scientifico-commerciale(1895),et deux dictionnaires plurilingues, celui de Gaetano Frisoni, le Dizionario commerciale in sei lingue (italiano-tedesco-francese-inglese-spagnuolo-portoghese)(1907),et de Nicola Spinelli, le Dizionario di terminologia commerciale trilingue(1910).

Nous prenons en compte, en particulier, la macrostructure, la microstructure, la terminologie technique et la phraséologie de ces dictionnaires.En utilisant métaphoriquement une loupe, nous nous concentrons sur le traitement de la langue de spécialité du commerce au sein des articles des dictionnaires bilingues généraux. En ce qui concerne les dictionnaires plurilingues, nous cherchons à montrer les choix lexicographiques dictés par une exigence de synthèse extrême ; la dimension d’un dictionnaire, surtout scolaire, influe non seulement sur la praticité de la consultation mais aussi sur le prix.

1.L’école technique et l’enseignement du français commercial en Italie : un bref aperçu

En Italie, l’école technique, qui s’ajouta à l’école dite ‘classique’ dès1848, n’aura pas, pendant longtemps, le succès espéré car considérée comme trop sélective d’une part par les classes moins aisées et peu engageante, d’autre part, par la bourgeoisie qui privilégie tout au contraire les études humanistes.

Les écoles techniques, dont le nombre augmenta malgré tout, sontsuccessivement divisées en deux cycles (inférieur et supérieur), et, à la fin du XIXe siècle, commencent à acquérir une part fort importante dans l’éducation scolaire italienne.

Dans la même période, les transactions commerciales, nationales et internationales, augmentent de manière considérable, ce qui est dû à la demande toujours croissante de matières premières et à l’industrialisation ; dans ce scénario international, les rapports qui lient la France et l’Italie sont de plus en plus étroits (Lesueur 1864) et les deux pays ont la nécessité de former de nouveaux professionnels du commerce.

Pour l’Italie, l’apprentissage de la langue française dans les écoles de commerce est fondamental, mais les programmes s’adaptent difficilement aux nouvelles nécessités du marché, qui demande des professionnels capables d’échanger aisément avec leurs homologues français. Il faudra attendre les débuts du XXesiècle pour que l’enseignement du français devienne plus pratique et spécialiste. Les dictionnaires, et non pas exclusivement les manuels, restent les outils les plus employés, vu que la base de la connaissance linguistique est centrée sur la traduction d’articles économiques et sur la rédaction de lettres commerciales. A défaut de dictionnaires spécialisés, dans les classes, l’on a donc recours aux dictionnaires bilingues généraux et plurilingues.

2.Le Nuovo dizionario francese-italiano e italiano-francese, commerciale, scientifico, tecnico, militare, marinaresco de G. B. Melzi

Giovanni Battista Melzi, lexicographe et directeur, ainsi qu’enseignant, de l’école de Langues modernes à Paris, publie de nombreux dictionnaires bilingues auprès de la maison d’édition Treves de Milan: tout d’abord le “Nuovo Dizionario francese italiano e italiano francese, commerciale, scientifico, tecnico, militare, marinaresco” en deux volumes, le premier en 1886 et le deuxième en 1887; successivement il s’occupe aussi de la langue anglaise et espagnole en publiant le “Nuovo Dizionario inglese-italiano e italiano-inglese commerciale, scientifico, tecnico, militare, marinaresco” en 1896, et le « Nuovo Dizionario spagnuolo-italiano e italiano-spagnuolo, commerciale, scientifico, tecnico, militare, marinaresco » en 1894 et 1897. Mais sa notoriété est sûrement liée au dictionnaire encyclopédique « Il novissimo Melzi » rédigé sur l’empreinte des œuvres d’auteurs français et publié pour la première fois en 1896. Ce dictionnaire connut un énorme succès et fut réédité jusqu’en 1978 et totalement revu en 1994 avec le titre « Dizionario enciclopedico Melzi ». Il est l’auteur aussi de manuels scolaires pour la correspondance usuelle et commerciale en cinq langues (italien, français, anglais, allemand et espagnol), un projet éditorial qui débuta en 1878. Les dictionnaires de termes de commerce présents à la fin de chaque volume concentrent de manière très succincte les mots les plus usités dans les différentes activités commerciales et se réfèrent principalement aux marchandises et aux procédures les plus fréquentes dans les ventes (Garcìa Aranda 2019, p. 15).

Avec le Nuovo Dizionario francese italiano e italiano francese commerciale, scientifico, tecnico, militare, marinaresco Melzi avait l’intention d’offrir aux usagers, tout comme il l’avait fait pour le dictionnaire monolingue, un ouvrage d’un prix abordable, sans toutefois renoncer à placer « l’immense matériel épars dans les gros dictionnaires »[3] et à caser « presque toutes les paroles du Grand dictionnaire Littré et de celui de l’Académie française »[4], en ajoutant, en outre, les vocables scientifiques, techniques, de commerce, militaires, de la marine et des arts et métiers, sans oublier les néologismes « légitimés par l’usage »[5].

Le dictionnaire présente une préface, deux listes d’abréviations qui incluent les marques diatechniques, la nomenclature française-italienne, un « Dizionario di nomi proprii, personali, geografici, mitologici, storici, ec. », son spéculaire en français[6] et la nomenclature italienne-française. La partie français-italien est caractérisée d’un côté par le groupement des homonymes(Murano 2016, p. 138) et de l’autre par le dédoublement des entrées, comme pour les homographes qui possèdent des étymologies différentes donnant lieu à des entrées distinctes, et celles qui sont insérées pour mettre en exergue les marques diatechniques, telles que par exemple :

Avoir, s.m. L'avere, i beni, sostanza,
fortuna. || (com.) Avere, l'attivo.
Avoir, V. aus. Avere, || Possedere. ||
Ottenere.|| (l.fam.) — de quoi. Esser
ricco. Il — la main bonne, Essere fortunato al giuoco ;
riuscire in checchessia. || — l'oeil, Vigilare, sorvegliare.
|| (l.pop.) — une chose à
l'oeil, Averla gratis , a credito. || — maille à
partir avec quelqu'un,
avec la justice. Aver contesa con
taluno ; aver conti da rendere alla
giustizia, ec. || En — autant à son
service, Esser pronto a rendere il
contraccambio. \\ En — gros à dire,
Avere un sacco di cose da raccontare.

Ou encore

Bon, ne, ag. Buono. || Utile. ||Felice.
| (Eccellente. || Favorevole. || Umano. ||
(l.iron.) Mon —, Caro amico; amico
mio. || Il n' est, rien —, Com'è,
buono! || (l.fam.) À quoi — cela?
A che giova? || (l.pop.) Elle est
bien bonne celle-la! Possibile? ;
magnifica! ; anche questa è da contar!
Bon, av. Bene. || (l.av) Bon! Sta bene!
|| C'est —, Basta, || Pour tout de —,
Tout de —, Seriamente.
Bon, s.m. Il buono. || (com.) Buono
vaglia: — du trésor, — del tesoro.

Nous avons pris deux exemples où la marque diatechnique (com. = commercio) est mise en évidence pour Avoir et Bon.Toutes les entrées sont suivies de l’indication de la catégorie grammaticale et les marques sont donc nombreuses, la plus grande partie de type diatechnique et diatopique, ce qui montre la forte attention du lexicographe à la terminologie technique.

En ce qui concerne la partie italien-français « elle est construite selon le principe du regroupement morphologique […] un article peut contenir plusieurs mots ayant la même racine, sans aller à la ligne pour chaque mot et sans que la racine soit répétée dans le texte » (Murano 2016, p. 139). Par exemple, à l’article Benefi=cènza sont enregistrés les mots beneficiário, beneficiáta, beneficiáto, beneficióso/a, benefiziáto, benefício, benefízio, benefico, beninsieme, benemerènte, benemerènzo, benemèrito/a, beneplácito. Les deux termes benefício et benefízio présentent la marque diatechnique : com. Plusieurs, d’ailleurs, sont les termes précédés de l’abréviation com.[7] et les principaux termes les plus usités dans le commerce au XIXesiècle trouvent leur place dans le dictionnaire de Melzi (quelques exemples : Amortir, Avoir, Bilan, Capital, Chaland, Concurrencer, Décharge, Doit, Escompte, Francisation, Livrancier, Lombard, Obligation, Rabattage, Transit, Warrant, etc.). Un exemple d’article de la nomenclature italienne-française :

Avvi=aménto, ou Avvio, s.m. Acheminement
; commencement ; mise en
train. || (com.) Achalandage. || Per un
—, Pour commencer. || -áre, v.a. Acheminer
; mettre en train. || Commencer;
préparer. || (com.) Achalander. l'— uno.
Se débarrasser de quelqu'un. || — una
botte, Percer une pièce. || Étrenner. ||
Envoyer. || -ársi, v.r. S'acheminer ;
débuter ; commencer. || —áto, a, adj.
Commencé ; en train. || (com.) Achalandé.
||*Habitué. || -atùra, s.f. Mise
en train ; commencement. || Allumage.

Melzi traite, très soigneusement, comme il l’annonce d’ailleurs dans sa préface, les locutions, car il estime que le français est essentiellement « une langue de phrases » et souvent la traduction littérale des expressions donne lieu à des phrases incompréhensibles ou à des contresens. Pour cette raison, nous retrouvons aussi, insérées dans l’article, plusieurs locutions commerciales telles que : Passerl’écriture d’un article (Registrare una partita) ; Acheter à bon compte (Comprare a buon mercato) ; Pour acquit (Quitanzato) ; Faire 1'article (Far valere oltre misura checchessia) ; Avances à découvert (Anticipazioni in bianco) ; Compter avec quelqu’un (Fare i conti con qualcuno) ; Faire le détail (vendere al minuto) ; Payer la folle enchère (Pagare la disdetta) ; Faire double emploi (Registrare una partita due volte) ; Venire a contributo (Accorder le concordat) ; Prevalersi sopra uno (Tirer ou faire traite sur quelqu’un) ; A pronta cassa, a pronti (Au comptant, au comptant comptant) ; Alla rata (Au prorata). Toutes les locutions sont précédées des marques d’usage, mises en évidence dans la liste des abréviations, telles que, pour la nomenclature italienne-française : la locution adverbiale (l. adv.) ; locution basse (l. basse) ; locution familière (l. fam.) ; locution figurée (l. fig.) ; locution ironique (l. iron.) ; locution populaire (l. pop.) et locution prépositive (l. prép.). Les marques d’usage sont les mêmes pour la nomenclature française- italienne, la seule grande différence est la présence de la marque pour signaler la locution commerciale (l. com.). L’absence de cette marque de la nomenclature italienne-française ne devait pas faciliter le travail de l’élève d’une école technique qui avait besoin de se concentrer uniquement sur la traduction d’articles portant sur le commerce et l’économie ou sur la rédaction de lettres de commerce ; repérer dans l’article une locution figée commerciale pouvait s’avérer compliqué et devenir ainsi une perte de temps.

3.Cesare Bergoglio et le Nuovo vocabolario francese-italiano e italiano-francese : letterario-scientifico-commerciale

De l’auteur nous connaissons simplement le fait qu’il a rédigé un dictionnaire bilingue et une grammaire de la langue française. Bergoglio s’inscrit donc dans la tradition des nombreux enseignants de langue française qui à l’occasion deviennent lexicographes pour offrir à leurs élèves un outil indispensable pour l’apprentissage de la langue. Le dictionnaire, qu’il publie en 1890 et qui connaît dix éditions en seulement cinq ans, de 1890 à 1895, est enrichi de termes littéraires, scientifiques et de commerce. L’auteur présente dans son dictionnaire, outre les deux nomenclatures, une grammaire élémentaire complète de la langue française, deux listes d’abréviations dans les deux langues, une liste de noms propres anciens et modernes, un dictionnaire géographique français-italien et italien-français pour les noms « qui ne s’écrivent pas de même dans les deux langues » et une liste de noms des nations.

Nous ne possédons aucune déclaration de l’auteur car le dictionnaire est privé de toute préface ; toutefois l’éditeur indique les sources dans lesquelles l’auteur a puisé, nous citons à titre d’exemples : le Dictionnaire de l’Académie française, Chenier, Bescherelle, Chateaubriand, Corneille, La Fontaine, Madame de Sévigné, Molière, Hugo, Voltaire, etc.

En ce qui concerne la nomenclature française-italienne, qui est ordonnée alphabétiquement et cela pour les deux nomenclatures, elle comprend des unités lexicales simples et composées ; dans l’article nous retrouvons des séquences figées et figuratives et des exemples inventés avec le verbe conjugué, à l’infinitif et des exemples littéraires.

Toutes les entrées sont suivies de l’indication de la catégorie grammaticale et nombreuses sont les marques présentes, de type diatechnique (telles que comm. - commerce, équit. - équitation, mar. – marine, mat. - mathématiques, tecn. - technique), diatopique, diamésique et de genre (Genre bernesque), mises en évidence dans la liste des abréviations (Tavola delle Abbreviazioni), mais pas toujours utilisées au sein de l’article. Ce choix rend moins aisée la recherche de l’acception technique d’un terme. A titre d’exemple, nous avons analysé l’entrée ‘Amortir’ ; si dans le Melzi la marque diatechnique (com.) permet de retrouver, sans trop de difficultés, l’acception recherchée, dans le Bergoglio, tout au contraire, pouvoir distinguer l’acception commerciale du terme se révèle comme très compliqué. Voici les deux entrées :

Amortir, v.a. Ammortire ||Spegnere, estinguere || Calmare|| (com.) Ammortizzare. || - une rente, Estinguere una rendita, pagandone il capitale. (Melzi)

Amortir, va – estinguere ; = - les passions: calmare il bollore delle passioni; = - les feux de la jeunesse: ammorzare il fuoco della gioventù; = - les herbes: macerare le erbe; = - une rente, une pension: liberarsi dal carico d’un censo, d’una pensione. (Bergoglio).

De même, les entrées qui ont une acception unique, telles que Chaland ou Chalandise, n’affichent pas la marque diatechnique, un exemple : Chaland,e (scia-lAN), sm. et sf. – avventore, compratore ; dans le Melzi l’entrée est ainsi rédigée - Chaland, ande, s. (com.) Compratore, avventore.

La transcription phonétique avec les caractères graphiques est bien évidente dans la nomenclature française-italienne.

Certains entrées, et cela uniquement dans la nomenclature française-italienne, offrent au lecteur des informations supplémentaires sur les termes ; les articles, donc, s’enrichissent de notions encyclopédiques, c’est le cas aussi pour quelques termes techniques tels que Commerce (et ses deux synonymes : Négoce et Trafic), qui présente une longue explication : « Le commerce est l’échange de marchandises ou plutôt de valeurs égales. Le négoce est l’occupation, l’exercice, la profession du commerce. Le trafic est cette espèce de négoce qui fait passer de lieux en lieux, ou de mains en mains, ou qui fait circuler tel ou tel objet particulier de commerce, par des agents intermédiaires placés entre le premier vendeur et le dernier acheteur. […] » ; ou Change (et ses trois synonymes : Troc, Echange et Permutation).

Différemment de ce qui a été analysé pour la partie française-italienne, la nomenclature italienne-française s’offre au lecteur beaucoup plus simplifiée et succincte. Les exemples littéraires ainsi que les marques disparaissent ; de cette manière, discerner les termes de commerce dans l’article devient ardu car la plupart des entrées n’incluent pas de discriminateurs de sens. Les homographes n’ont pas d’entrées différenciées et sans l’abréviation comm. il est très difficile de pouvoir identifier le terme nécessaire ; quelques exemples :

Avere, va. – avoir, posséder, tenir ;= averla con uno : en vouloir à quelqu’un, être fache contre lui ; = sm. avoir, héritage.

Buono,a, agg., - bon ; = sm. - ce qui est bien-bon, billet; = - , perdio!: voilà qui est bien !

4.Gaetano Frisoni et le Dizionario commerciale in sei lingue (italiano-tedesco-francese-inglese-spagnuolo-portoghese)

Gaetano Frisoni publie de nombreux manuels, faisant souvent partie de séries polyglottes, pour l’enseignement de la langue de spécialité, notamment celle de commerce, car sa longue carrière en tant que traducteur et correspondant des principales maisons de commerce de Gênes lui avait permis de récolter une quantité considérable de documents authentiques se rapportant au commerce. Les manuels étaient destinés aux élèves des écoles techniques, mais aussi aux professionnels du secteur qui devaient pouvoir utiliser correctement la phraséologie mercantile française. Des dictionnaires essentiels étaient placés à la fin de ses manuels pour des raisons de praticité, « ce qui permettait d’éviter, d’une certaine manière, l’achat d’un dictionnaire qui, à l’époque, n’était pas à la portée de tous les élèves » (Sclafani 2019, p. 370).

Il se consacre aussi, vu son expérience, à la rédaction d’un dictionnaire plurilingue, Dizionario commerciale in sei lingue (italiano-tedesco-francese-inglese-spagnuolo-portoghese), qu’il publie à la prestigieuse maison d’édition Hoepli en 1907. Cet ouvrage est le fruit, selon l’auteur, d’une simple constatation qu’il avait faite et qu’il relate dans sa longue préface : « dans ma longue carrière […] j’ai dû constater que si les meilleurs dictionnaires en deux langues répondaient à mes recherches chaque fois qu’il s’agissait de mots ou de locutions classiques, ils étaient presque toujours muets quand j’avais besoin d’un mot technique, de certaines phrases commerciales, d’une expression commune du langage de la navigation ou du barreau » (Frisoni 1907, p. VII). Il se met, donc, à recueillir toutes les expressions commerciales, techniques et de la marine qui, au cours de sa longue carrière lui « tombaient sous les yeux ». Cette typologie de dictionnaire plurilingue était destinée notamment à des agents de commerce ou à tout autre professionnel dans le commerce qui, en raison de plusieurs contacts dans les pays européens, se trouvaient dans l’obligation d’entretenir une riche correspondance d’affaires. D’ailleurs, à la même époque, la publication de guides pratiques polyglottes, qui eut un nouveau sursaut au XIXe siècle, était due à la prolifération des échanges et des voyages (Quemada 1967, p. 73).

En ce qui concerne la structure de l’ouvrage, nous pouvons constater tout d’abord que la langue italienne sert de base et de liste principale, parce que l’auteur, après « mûre réflexion », décida d’opter pour la langue du pays de publication du dictionnaire. L’ouvrage présente une préface, une liste d’abréviations, la nomenclature polyglotte et à la fin du volume un Repertorium Polyglottum pour l’usage pratique du répertoire : cette liste est composé de tous les principaux mots, repérés dans le texte, de chaque langue en un alphabet unique, pour faciliter les recherches et éviter « les pertes de temps » aux étrangers et à tout traducteur qui voudrait traduire dans une des cinq autres langues.

La nomenclature, ordonnée alphabétiquement, comprend des unités lexicales simples et composées suivies très souvent par d’autres termes synonymes ou équivalents qui constituent des renvois. L’on retrouve aussi des séquences figées et figuratives, et, suivant la déclaration de l’auteur, les termes des marchandises les plus importantes ; la phraséologie spécifique de la comptabilité, de la finance, de la bourse ; les expressions des chemins de fer, des postes, de la douane et de la banque ; les locutions du langage technique, nautique, bureaucratique et judiciaire sur les affaires. Les seuls traducteurs sont présents sans aucun exemple. Les langues se succèdent ainsi : allemand, français, anglais, espagnol et portugais. Quelques exemples :

Fabbrica, opificio, manifattura || die Fabrik, das Gewerkhaus || fabrique, manufacture || factory, manufactory, works || fábrica, taller, manufactura || fábrica, manufactura, officina.

Et plus en retrait, correspondant à la même entrée, l’article poursuit de cette manière :

marca di --- || das Fabrikzeichen, die Schutzmarke || marque de fabrique || trade mark || marca de fábrica || marca de fábrica.

prezzo di --- || der Fabrikpreis || prix de fabrique ou de fabrication, prix coûtant || manufacturer’s price, factory or cost price || precio de fábrica || preço de fábrica.

La langue de commerce puise, bien sûr, la plupart de ses termes dans la langue dite générale ; le commerce relève d’une pratique sociale qui est présente depuis toujours, l’auteur a donc sélectionné de nombreuses séquences figées, se référant au monde du commerce, et utilisées couramment dans la vie de tous les jours. Voici quelques exemples :

  1. Granchio ; prendere un ---- , sbagliarsi || se tromper
  2. Monte; andare a ---; l’affare è andato a ---|| l’affaire échoua ou n’a pas réussi
  3. Testa; andare colla --- alta [poter mostrare la faccia] || porter la tête haute

Frisoni a exploité son expérience dans le monde du commerce pour fournir à ses lecteurs un ouvrage facile à consulter, mais, vu le nombre de langues, les articles sont bien sûr peu étoffés et les exemples très limités, d’ailleurs les dictionnaires plurilingues sont « [c]ontraints par leurs impératifs propres à rester assez ou même très rudimentaires »(Quemada 1967, p. 44).

5. Nicola Spinelli et le Dizionario di terminologia commerciale trilingue

Nicola Spinelli, enseignant à la Regia Scuola Superiore di studi applicati al commercio, publie, en 1910, le Dizionario di terminologia commerciale trilingue, italien-français-anglais, à l’usage des écoles de commerce, des Instituts techniques et des entreprises. L’auteur publiera successivement des dictionnaires de commerce bilingues italien-anglais et italien-français, le premier en 1926, Dizionario commerciale Italiano-Inglese e Inglese-Italiano, réédité jusqu’en 1961, et le deuxième en 1936[8]. Il est l’auteur aussi d’un dictionnaire bilingue scolaire, Dizionario scolastico italiano-inglese e inglese-italiano, publié en 1928, qui a connu plusieurs rééditions (jusqu’en 1965).

A la date de la publication du dictionnaire trilingue, les dictionnaires bilingues de commerce avaient déjà commencé à paraitre en Italie[9], mais Spinelli spécifie dans la préface de son dictionnaire que le but de cette typologie d’ouvrage est lié au manque « d’une publication qui serve de guide efficace au commerçant et à l’élève dans la préparation de la correspondance en ces deux langues »[10]. L’auteur continue donc la tradition des dictionnaires plurilingues, mais en se limitant à trois langues ; cette restriction est peut-être due, d’une part, à « [d]es raisons économiques, et plus encore [à]des impératifs d’ordre pratique touchant la maniabilité des volumes » (Quemada 1967, p. 71)et, d’autre part, au fait que les deux langues choisies, pour la rédaction de son ouvrage, étaient toutes les deux étudiées par les élèves des Instituts techniques italiens ; le français dès la première année et l’anglais (au choix avec l’allemand) dès la deuxième année.

En ce qui concerne la macro-structure de l’ouvrage, il s’agit d’une liste de termes de commerce sur trois colonnes et l’ordre alphabétique est établi sur la langue italienne, qui occupe la première colonne. La nomenclature comprend seulement des unités simples suivies, dans certains cas, par des termes synonymiques ou des termes qui leur sont associés par signification et usage, tous ces termes constituent des renvois, comme par exemple à l’entrée : Anonima (Società), v. Assemblea, Bilancio, Capitale, Società, Socio, ecc. Après presque tous les mots vedettes, l’auteur offre à l’usager de son dictionnaire, une liste, assez riche dans plusieurs cas, d’éléments phraséologiques ; cette structure de l’article fut adoptée en premier par les répertoires plurilingues du XVIe siècle (Quemada 1967, p. 534). L’intention de l’auteur, comme il l’explicite dans sa préface, est de procurer au commerçant et à l’élève un ouvrage qui, par sa disposition pratique, leur permette de repérer facilement tous les termes, les phrases et les locutions commerciales tout en évitant des répétitions inutiles. Voici un exemple d’entrée :

Differenza.

Différence

Difference

La differenza di peso è notevole

Le manque du poids est marqué grand.

Shortage, deficiency in weight is heavy, large.

La differenza non è notevole

La différence est peu sensible

To debit for the residue.

The difference is not material.

Definire una differenza

Vider un différend.

To settle a difference.

Les phrases qui suivent l’entrée Differenza sont aussi des bribes de lettres commerciales hypothétiques,comme par exemple : « Regolando i conti, si trovò una differenza a mio carico, che pagai subito »[11] ou « Il mese scorso egli non ha potuto pagare le differenze »[12]. Ces listes de phrases, qui avaient une utilité pratique aussi bien pour l’élève que pour le commerçant, ne diffèrent pas des listes de modèles de lettre que l’on retrouvait dans les manuels pour la correspondance commerciale ou à la fin d’un bon nombre de manuels pour l’enseignement de la langue française à l’usage des écoles techniques. Ces tournures de phrase, facilitant la rédaction de la documentation liée à l’échange de marchandises et aux affaires en général, devaient être claires et concises pour permettre de rendre exactement les intentions des agents de commerce et pour préparer correctement les élèves à leurs futurs métiers. D’autres phrases se référant aux lettres d’affaires dans l’entrée Obbligare : « Vi siamo molto obbligati per la fiducia dimostrataci »[13], « La vostra promessa non mi obbliga, non costituisce obbligo »[14].

Pour certaines entrées l’on remarque plusieurs locutions dans le même article, comme pour Merce: Merci soggette a dazio ; Merci esenti da dazio ; Merci disusate ; Merci deprezzate ; Merci in consegna ; Merci in deposito; Merci in viaggio; Merci danneggiate; Merci avariate; etc.

Conclusions

Les paratextes dans les dictionnaires, notamment le titre, le frontispice et l’introduction, sont la partie la plus perméable aux stratégies de vente du produit. Très souvent, les auteurs parlent de mises à jour et d’améliorations, d’enrichissements de la nomenclature avec des termes et des secteurs du savoir en les mettant en évidence en grosses lettres. Un véritable clin d’œil à l’acquéreur potentiel, qu’il soit le parent d’un élève, un marchand ou un enseignant de langue, il doit croire aux promesses de l’auteur ou de l’éditeur. Dans cette lutte subtile pour se démarquer des autres propositions présentes sur le marché, s’insère l’idée, encore embryonnaire, d’un dictionnaire de spécialité pour les termes de commerce.

L’école technique de commerce débute et déjà ses savoirs linguistiques et techniques commencent à être réclamés.

Dans le corpus analysé, Melzi et Bergoglio entreprennent la voie de l’inclusion, à partir d’une nomenclature générale ils tentent d’offrir le plus vaste répertoire lexicographique possible ; Frisoni, au contraire, en pensant aux exigences des marchands, offre un langage sectoriel pour plusieurs contextes et pour plusieurs langues. Spinelli, enfin, offre à l’élève de l’école technique une aide pratique pour la rédaction des lettres de commerce dans les deux langues qu’il était censé devoir étudier.

L’exigence d’un dictionnaire de spécialité est bien présente dans les écoles, les enseignants de français le réclament à chaque congrès international pour l’enseignement technique, industriel et commercial (Buonocore 1913), mais économiquement et conceptuellement ces publications sont retardées le plus possible. Les dictionnaires analysés comblent en partie cette absence jusqu’à l’arrivée des premiers dictionnaires bilingues de commerce sans toutefois paraître pratiques ou suffisamment exhaustifs pour les exigences des élèves des écoles techniques.

Sources

BERGOGLIO, C., 1895. Nuovo vocabolario francese-italiano e italiano-francese : letterario-scientifico-commerciale. Milan: Casa Editrice A. Bietti.

FRISONI, G., 1907. Dizionario commerciale in sei lingue (italiano-tedesco-francese-inglese-spagnuolo-portoghese). Milan : Hoepli.

MELZI, G. B., 1886. Nuovo dizionario francese-italiano, commerciale, scientifico, tecnico, militare, marinaresco I volume. Milan : Fratelli Treves.

MELZI, G. B., 1887. Nuovo dizionario italiano-francese, commerciale, scientifico, tecnico, militare, marinaresco II volume. Milan : Fratelli Treves.

SPINELLI, N., 1910. Dizionario di terminologia commerciale trilingue. Turin : Editrice Tipografia Elzeviriana.

Bibliographie

BOCHICCHIO, F., 1993. L’enseignement de la langue française et le système scolaire italien de 1860 à 1913. Documents pour l’histoire du français langue étrangère ou seconde, 12, 16–24.

BUONOCUORE, G., 1913. L’insegnamento Commerciale in Italia : note del Prof. Giuseppe Bonocore per il 10 Congresso internazionale dell’insegnamento commerciale. Rome: Tip. Naz. Di G. Bertero e C.

LESUEUR, I., 1864. Des rapports commerciaux entre l’Italie et la France. Paris : Imprimerie P.-A. Bourdier et Cie.

LILLO, J. (dir.), 2019. 1583-2000: Quattro secoli e più di lessicografia italo-francese.Repertorio analitico di dizionari bilingui, Vol. 1, pp. 836, Quaderni del CIRSIL n° 14 ; Vol. 2, p. 596, Quaderni del CIRSIL n° 15. Bologne: CLUEB.

MURANO, M., 2016. « In comodissimo volume, un gran tesoro di nozioni » : Le Nuovo dizionario francese-italiano e italiano-francese (1886) du professeur Melzi. Documents pour l’histoire du français langue étrangère ou seconde, 56, 125–148.

GARCÍA ARANDA, M. Á., 2019. La escritura epistolar y la enseñanza de lenguas: los manuales prácticos de correspondencia comercial de G. B. Melzi (1878). Romanica Olomucensia, 31(1), 1–20. http://dx.doi.org/10.5507/ro.2019.001

MINERVA, N., 2003. Insegnare il francese in Italia. Repertorio di manuali pubblicati dal 1861 al 1922. Bologne : CLUEB.

QUEMADA, B., 1967. Les dictionnaires du français moderne 1539-1863. Paris: Didier.

SCLAFANI, M.-D., 2018. Les dictionnaires du commerce bilingues franco-italiens. Territoires de la langue et de la culture. Les Cahiers du dictionnaire, 10, 169–182.

SCLAFANI, M.-D., 2019. Les débuts de l’enseignement du français commercial en Italie, de la Loi Casati à la Réforme Gentile. InVerbis, 2, 357–371.

SCLAFANI, M.-D., 2020. Les textes de présentation des dictionnaires de commerce bilingues italien-français et français-italien édités en Italie. Éla. Études de linguistique appliquée, 200, 437–446. https://doi.org/10.3917/ELA.200.0054

Marie-Denise Sclafani – Enseignante-chercheuse de Langue et traduction française à l’Université de Palerme. Elle a participé à des colloques internationaux et a publié dans des revues scientifiques. Son ouvrage, L'apprendimento della lingua francese. Un'analisi delle proposte educative CLIL e ESABAC, a été édité par Carocci en 2019. Ses intérêts de recherche sont la lexicologie, la lexicographie, la métalexicographie, l’histoire de l'enseignement du français langue étrangère et la didactique de la langue française.


[1]Nous avons consulté le Répertoire de manuels publiés entre 1861 et 1922 « Insegnare il francese in Italia » de Nadia Minerva.

[2]Pour constituer le corpus nous avons consulté le répertoire de Jacqueline Lillo (dir.), 1583-2000 : Quattrosecoli e più di lessicografiaitalo-francese. Repertorio analitico di dizionari bilingui, et l’OpacSBN, Catalogo del Servizio Bibliotecario Nazionale.

[3]Melzi, « l’immenso materiale sparso in grossi Vocabolarii » (notre traduction).

[4]Melzi, « presso che tutte le parole del Grande Dizionario Littré, e di quello dell’Accademia francese» (notre traduction).

[5]Melzi, « legittimati dall’uso » (notre traduction).

[6]Dictionnaire de noms propres, personnels, géographiques, mythologiques, historiques, etc.

[7]Melzi, Abbreviazioni.

[8]En 1908, il avait déjà publié un petit dictionnaire de commerce italien-anglais d’à peine 16 pages pour ses élèves, Piccolo dizionario commerciale italiano Inglese, ad uso degli studenti della r. Scuola superiore di studi applicati al commercio.

[9]À ce propos voir l’article : Sclafani M.-D., 2018. Les dictionnaires du commerce bilingues franco-italiens. Territoires de la langue et de la culture. Les Cahiers du dictionnaire 10, pp. 169-182.

[10]Spinelli, Préface : « […]di una pubblicazione che serva di guida efficace al commerciante ed allo studente nella preparazione della corrispondenza in quelle due lingue » (notre traduction).

[11]En réglant nos comptes, on a trouvé à mon désavantage une différence que j’ai payée immédiatement – On balancing the account, a difference to my debt was found which I paid, made up at once.

[12]Le mois passé il n’a pu payer les différences – Last month he was unable to pay the differences.

[13]Nous vous sommes bien obligés de cette marque de confiance – We are greatly obliged, indebted to you for your mark of confidence ; you have conferred a great obligation on me by honouring me with your confidence.

[14]Votre promesse ne m’engage pas – Your promise does not bind me.